La vie devant soi - analyse

2273 mots 10 pages
La vie devant soi
Analyse
Les deux premières pages de la Vie devant soi sont très fortes, essentielles. Tout Emile Ajar est là, dès les premières lignes, comme le parfum d'une œuvre où l'homme, dépouillé de ses artifices, se trouve d'emblée confronté à son irrémédiable condition. C'est un véritable morceau d'anthologie où la substance se dégage des mots.
Le succès de La vie devant soi fut impressionnant. Plus d'un million d'exemplaires vendus, qui en font, sur le plan commercial l'équivalent des Grands Goncourt. Mais sans parler de l'effet promotionnel né du refus du prix, il repose un peu sur un malentendu. De nombreux lecteurs sans malice, solidaires de toute enfance malheureuse, virent dans le lien filial unissant cette vieille pute hors d'usage et ce petit Chose de la Goutte-d'Or, lui-même fils de pute abandonné, une énième suite aux Allumettes suédoises de Robert Sabatier, version judéo-arabe. En Momo un public trop sensible, épris de stéréotypes sentimentaux, crut tenir, en plus cru, en plus désespéré, mais dans la même veine populiste et misérabiliste, son David Copperfield. On s'apitoya sur la détresse de ces déshérités, sur l'optimisme forcené de ce petit Poucet des bas-fonds, immigré de surcroît.
C'est méconnaître La Vie devant soi, au titre trompeur, que d'y voir une peinture de l'enfance déchirée, là où se joue l'universelle tragédie de la mort.
Si Momo est ce narrateur essentiel qui donne son ton au récit, madame Rosa en est l'épicentre. C'est autour d'elle, de ses hantises, de son inexorable détresse qu'est construite toute l'œuvre. C'est d'elle que naît l'émotion. Autour de toute cette vie qu'elle a derrière soi et de la mort qui est devant elle.
Momo est beaucoup plus qu'un témoin pour qui la mort ne serait qu'un spectacle, un accident incompréhensible, proprement impensable. 6 Ici la mort surgit au cœur de l'enfance, de l'existence même. Momo fait l'expérience de la vie à travers le délabrement de madame Rosa. Son agonie à elle se vit

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