la vie en philosophie
Sans demander une rigueur scientifique égale à celle des sciences dites dures physique ou mathématique, « la Philosophie de la vie » comme toute philosophie, réclame tout au moins une bonne définition principielle de ses outils, c'est-à-dire ayant un sens existentiel précis et communicable. C'est ce que ne manque pas de remarquer Jean Greisch : « La philosophie est une demande de concepts, mais d'un concept adéquat à son objet »3. Chaque fois que cette adéquation n'est pas respectée elle se fourvoie. Un double danger guette donc la Philosophie de la vie : soit de sombrer dans une collection de vécus concrets sans perspective d'ensemble, soit la surévaluation de certains vécus comme « états d'âme » remarquables sans que le philosophe ait à justifier ses choix (pourquoi prendre comme paradigme l'homme parfaitement rationnel ?). L'évidente polysémie de ce concept de Vie conduit à contester une démarche purement théorique, car le phénomène de la vie nous est tellement proche que nous n'avons pas la distance cognitive nécessaire pour l'étudier comme un objet. C'est « nous même » qui « nous voyons » « nous même », dans et à travers « notre vie ».
Das Leben sich selber aus, La vie s'interprète elle-même Wilhelm Dilthey
Dans un récent article, Jean-Claude Gens distingue quatre aspects dans la vision diltheyenne de la notion de vie4 :
La vie n'est jamais ce qu'elle est que pour la conscience, vie en tant qu'elle est vécue. Elle n'est rien d'étant mais pur relationnel, pensée en termes d'excitation et de mobilité. Wilhelm Dilthey est le premier à voir la représentation non plus en aptitudes ou facultés mais en termes de mode de comportement. Cette vision influencera considérablement Martin Heidegger. La vie se caractérise par la mobilité de son déploiement. La vie a pour corrélat le monde. Il n'y a de monde que vécu. La texture du monde est celle de ces configurations signifiantes. Wilhelm Dilthey qualifie ce monde de « monde de