La vision de l'humanité et de l'humanisme
I] Une humanité mutilée et souffrante
Les personnages de Fin de partie sont pour trois d'entre eux incapables de se mouvoir. Hamm est dépendant de Clov pour déplacer son fauteuil. Nagg et Nell, enfermés dans des poubelles, sont privés de leurs jambes depuis un accident de tandem survenu dans les Ardennes. Ils ne parviennent même plus à se pencher l'un vers l'autre pour s'embrasser. Seul Clov tient encore debout, non parce qu'il est vaillant, mais parce qu'il ne peut plus s'asseoir.
Non seulement les personnages sont presque tous contraints à l'immobilité, mais leurs sens sont également en souffrance. Hamm est aveugle, Nagg devient sourd. Les personnages sont obsédés par la perte de leurs sens et se demandent à plusieurs reprises des nouvelles de leurs yeux, de leurs jambes, de leurs oreilles, lesquels déclinent dans le temps même de la pièce. Clov, lui aussi, à en croire la prophétie de Hamm, est à terme condamné à devenir aveugle et à ne plus pouvoir se lever. C'est donc une humanité mutilée et souffrante que nous peint Beckett dans Fin de partie. Il est question des moignons et des pleurs de Nagg, mais aussi de la douleur physique de Clov, qui peine à se déplacer. A travers ces quatre personnages, Beckett nous fait donc le portrait d'une humanité vieillissante, décadente, mais aussi en voie de