Si la vérité est libératrice, est-ce l'absence de vérité qui est contraignante ? Mais par rapport à quoi ? La morale, la conscience ? La vérité en elle-même n'est-elle pas un enfermement ? La question porte sur le cas de celui qui peut vivre heureux mais méchant. Le sujet pose que la vérité n'est pas forcément liée avec les agréments d'une conscience. Mais il faut aller plus loin : est-ce que la question du mensonge a affaire avec ces agréments ? Ne faut-il pas le juger a priori, et estimer que juger moralement le mensonge, suppose de le condamner, quoiqu'il arrive ensuite ? Il faut donc distinguer le soulagement moral (une fois le mensonge reconnu), de la libération de la conscience (être en paix avec soi) et du soulagement psychologique lâche (être soulagé d'avoir vu l'efficacité de son mensonge). La liberté s'acquiert dans la pensée, qui conduit à la vérité en passant par le doute (Descartes). La "libre- pensée" ne se soucie donc que de l'évidence du vrai. La vérité libère du doute, de la mauvaise conscience. La vérité peut être aussi libératrice pour l'humanité. L'homme dans son intégralité psychologique ne peut en effet construire sa liberté tout en construisant continuellement et impunément ses mensonges défiant la morale commune à l'humanité. La vérité est nécessaire dans les rapports que l'homme entretient avec autrui, comme avec lui- même. Mais la libération de soi n'est-elle pas aussi affaire d'utopie, d'horizon inventé et pas seulement de vérité acquise