La vérité
La théorie du classicisme en art se focalise sur le concept de REPRESENTATION, celle du romantisme sur celui de REEL. Reste un troisième contenu lié à l'art : le PLAISIR.
Et si l'art n'avait pour but que de nous faire plaisir ? Mais de quel plaisir s'agit-il alors ?
=> Fondement de l'hypothèse de la subjectivité du goût
Rappelons un principe commun aux théories classiques et romantiques de l'art: l'art a pour but de dévoiler l'être. C'est ce qui donne à l'oeuvre sa signification. Mais l'art est aussi source de PLAISIR. Là encore, les deux théories se rejoignent sur un même principe: toute beauté vient de l'être, du vrai. Ces théories expliquent donc le plaisir du spectateur en tant que l'oeuvre imite (classicisme) ou manifeste directement (romantisme) l'être. Dans ces conditions, le goût est objectif : il consiste à reconnaître l'être dévoilé par l'oeuvre. Pour le classicisme, l'homme de goût est celui qui constate (par l'intelligence) mais aussi sent (par finesse) que l'oeuvre représente correctement une réalité. L'homme sans goût jouira de l'efficacité de l'effet de " trompe-l'oeil ", ou ne saisira que la manifestation immédiate de l'oeuvre (un avare et non l'avarice et ses effets. Pour le romantisme, l'homme de goût est celui qui sent - puisque l'intelligence est exclue- la force créatrice émanant d'une oeuvre).
L'homme sans goût jouira des effets de mode et fuira la nouveauté. Sans capacité à déceler le génie créateur, il est incapable d'aborder l'art dans ses nouveautés, d'autant plus déroutantes qu'elles sont créatrices.
Mais une telle hypothèse peut être retournée, de la même manière que Spinoza retourne l'hypothèse aristotélicienne du rapport entre le désir et son objet. On peut en effet supposer que le Beau n'est pas un effet objectif (émanent de l'être) mais subjectif (émanent du sujet). Nous ne serions pas attirés par une oeuvre parce qu'elle est EN SOI attrayante (dévoilant l'être qui serait le désirable