LA17homme machine commentaire
Dans Les Politiques, le philosophe grec Aristote (-384 / -322) soutient que la communauté politique (du grec polis : la « Cité » = communauté des citoyens) est le résultat d'un processus naturel : c'est par nécessité que les hommes s'assemblent (d'abord dans des « familles », puis dans des « villages », enfin dans des « Cités »). Cet extrait présente la communauté maître-esclave comme une communauté naturelle : le maître (« celui qui commande ») a nécessairement besoin de l'esclave (« celui qui est commandé ») et réciproquement. On peut dire qu'ils forment ensemble une sorte de système. L'esclave est défini comme un « instrument en vue de l'action ». Mais il ne s'agit pas de n'importe quel instrument. Il semble se situer à mi-chemin entre l'instrument inanimé, c'est-à-dire le simple outil (cf. les « navettes » des tisserands, les « plectres » des citharistes), qui a besoin d'être mis en action par une force extérieure à lui, et l'homme possédant la plénitude de la raison. Selon Aristote, l'esclave ne fait que percevoir la raison chez l'autre sans la posséder lui-même complètement. Il est capable de comprendre un ordre et de l'exécuter mais il ne peut pas prendre lui-même une initiative puisque « la faculté de délibérer » lui manque. Voilà pourquoi il ne s'appartient pas mais est « l'homme d'un autre ». L'esclave est présenté ici comme une sorte de machine rationnelle indispensable à l'économie antique (cf. l'argument : si les instruments fonctionnaient tout seuls nous n'aurions plus besoin d'esclaves!). On pourrait presque dire, au risque de l'anachronisme, qu'Aristote voit dans l'esclave une sorte de « robot » ! Remarquons que ce mot, introduit en 1921 par l'écrivain tchèque Karel Capek, désignait, dans sa pièce Les Robots universels de Rossum, des automates, des ouvriers artificiels. Or « robot » est formé à partir du vieux slave « robota » (même racine que l'allemand « Arbeit ») qui