Le berger et son troupeau
C'est en 1678 que La Fontaine fait paraître son second recueil de Fables, dédié à Mme de Montespan, favorite du roi, dans une nouvelle tentative pour se concilier les faveurs de Louis XIV. Il le fait précéder d'un “Avertissement” dans lequel il explique avoir “cherché d'autres enrichissements” et avoir “étendu davantage les circonstances de ces récits”. Ainsi, si dans le premier recueil il avait encore beaucoup emprunté à Esope et à Phèdre, ses modèles antiques, ici il va chercher son sujet chez Pilpay, un sage indien, dont le Livre des lumières avait été traduit en français en 1644, mais surtout c'est sa propre personnalité que nous découvrons davantage. [ pour en savoir plus sur La Fontaine, cf. site : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/deuxpig.htm ]
Les deux pigeons Cette fable retrouve cependant un thème chez aux écrivains antiques, depuis l'Odyssée d'Homère, celui du “nostos”, du retour plus important que le voyage lui-même, fondé sur la double valeur symbolique de l'animal choisi : le pigeon, s'il est “voyageur”, est aussi l'emblème de l'amour.
La Fontaine nous interroge alors : est-il souhaitable de voyager ?
LE RECIT DU VOYAGE
Le voyage comporte cinq péripéties : l'orage (v. 31-36), le piège (v. 37-43), le vautour (v. 43-48) et l'aigle (v. 48-49) tous deux à l'état de menace seulement, l'enfant (v. 50-56). Mais ces épisodes sont si étroitement liés les uns aux autres qu'ils donnent l'impression que le destin s'acharne contre le héros. Par exemple entre les vers 36 et 37 les deux épreuves s'enchaînent, au vers 43, c'est au sein d'un même vers que s'effectue le renchérissement : “[…] et le pis du destin / Fut …” Le lien est renforcé par des effets rythmiques tels l'enjambement des vers 43 à 45, ou le rejet entre les vers 48 et 49 : “[…] quand des nues / Fond…”
De plus on assiste à une dramatisation qui inscrit le texte dans le registre tragique, au croisement avec l'épique. Les épreuves sont amplifiées d'abord au