le bien et le mal
L’histoire de l’Éthiopie est pratiquement inconnue entre le royaume d’Aksum qui, en relation étroite avec la mer Rouge, domine politiquement et économiquement le nord de l’Éthiopie (actuel Tigré) du début de notre ère jusqu’aux viie-viiie siècles, et l’apparition du royaume salomonien, centré sur la région du Choa, à la fin du xiiie siècle 1. Deux faisceaux de raisons expliquent cette méconnaissance. Tout d’abord l’absence de sources écrites (à l’exception de quelques écrits de la période zagwé, aux xiie etxiiie siècles), alors que l’épigraphie aksumite et la tradition manuscrite éthiopienne sont essentielles pour comprendre l’histoire de l’Éthiopie dans l’Antiquité et au bas Moyen Âge. À cela s’ajoute la quasi-absence de sources extérieures, mis à part quelques mentions dans la littérature géographique arabe et des documents provenant de l’Église d’Alexandrie. Ce silence des sources écrites est sans doute à la fois dû à un affaiblissement politique et culturel du royaume chrétien, coupé du reste de la chrétienté par l’expansion musulmane, et à une occultation plus ou moins systématique de cette période (viiie-xiiie siècles) chez les clercs de la période postérieure, pour des raisons essentiellement idéologiques. L’accession au pouvoir, vers 1270, de Yekunno Amlak, fondateur d’une lignée qui a fourni à l’Éthiopie (au moins en principe) tous ses