Le crapaud

1033 mots 5 pages
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Le Crapaud

Un chant dans une nuit sans air...
La lune plaque en métal clair
Les découpures du vert sombre.

... Un chant; comme un écho tout vif
Enterré là , sous le massif ...
- Ça se tait : Viens, c'est là, dans l'ombre...

- Un crapaud ! - pourquoi cette peur,
Près de moi, ton soldat fidèle !
Vois-le, poète tondu, sans aile,
Rossignol de la boue... - Horreur !

- Il chante. - Horreur !! - Horreur pourquoi ?
Vois-tu pas son œil de lumière...
Non : il s'en va, froid, sous sa pierre.
...............................................
Bonsoir - Ce crapaud-là c'est moi. Ce soir, 20 juillet

Tristan Corbière

Commentaire du poème "Le Crapaud" de Tristan Corbière (1845-1875)

Ce court poème, extrait du recueil Les Amours jaunes, présente sous une forme quelque peu énigmatique la découverte d'un animal à la fois réel et symbolique, derrière lequel nous devinons ce personnage de "poète maudit" qu'incarna au siècle dernier Tristan Corbière. Après avoir étudié ces effets de contraste qui marquent l'ensemble du poème, nous analyserons le dialogue mis en scène pour mieux cerner dans une dernière partie ce processus d'identification qui aboutit au "moi" final.

Dans le décor nocturne "métallique", romantique mais un peu inquiétant, que dessine la première strophe, l'ombre lunaire de la végétation "vert sombre" forme des plaques de métal "clair", opposant les allitérations en "L" à celles en "R". Le même rapport antithétique se retrouve à la deuxième strophe dans ce chant d'"une nuit sans air", qui à la fois anime ce silence nocturne, car il retentit "tout vif" et pourtant est "enterré" sous un massif et, plus loin, "s'en va (...) sous sa pierre" tombale. Ainsi se constitue un univers visuel et sonore tout en oppositions, qui nous prépare à la découverte d'un être lui-même paradoxal. Car la strophe suivante révèle la présente du crapaud, cet animal double, personnifié comme "poète tondu, sans aile" et décrit comme le

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    ... Un chant ; comme un écho, tout vif, Enterré, là, sous le massif... - Ça se tait : Viens, c’est là, dans l’ombre... - Un crapaud ! - Pourquoi cette peur, Près de moi, ton soldat fidèle ! Vois-le, poète tondu, sans aile, Rossignol de la boue... - Horreur ! - ... Il chante. - Horreur !!….

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