Le developpement moteur du nourisson
Le développement moteur et perceptivo-moteur du nourrisson1
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Par James Rivière
LE DÉVELOPPEMENT DU NOURRISSON
Sortant d’une profonde léthargie, l’étude du développement des capacités posturales, motrices et perceptivo-motrices du jeune enfant est actuellement un domaine de recherche en plein essor. Après la phase descriptive des comportements moteurs de l’enfant par les pionniers Bayley (1936), Gesell (1938), Halverson (1931) et McGraw (1941), l’étude du développement moteur sombre dans un long sommeil. En effet, une fois terminé l’établissement du calendrier des acquisitions motrices, nombre de chercheurs cessent de s’intéresser à ce domaine d’étude. Au début des années 80, on observe un regain d’intérêt pour le développement moteur imputable à des progrès technologiques dans l’analyse du mouvement mais également à des avancées théoriques.
Il en est ainsi des travaux de James Gibson (Gibson, 1979) et d’Eleanor Gibson (Gibson, 1988) qui ont permis la reconnaissance de l’importance de la perception pour la compréhension de l’évolution motrice de l’enfant. Leur approche théorique, connue sous le nom de perspective perception-action, défend l’idée selon laquelle la perception et l’action sont inextricablement liées. D’après le concept d’affordance créé par James Gibson et développé par son épouse Eleanor, les propriétés de l’environnement sont directement perçues en fonction des actions de l’organisme applicables sur lui. Autrement dit, l’individu détecte automatiquement le type d’action motrice que permet un objet perçu. L’affordance générée par un objet dépend donc de ses propriétés physiques mais également des caractéristiques morphologiques et des possibilités d’action de celui qui le perçoit. Il est important de souligner que, dans cette approche, l’information perceptive ne déclenche pas le mouvement mais guide l’action. En retour, l’action génère des informations perceptives d’où la mise en place d’un couplage continu