À partir d’une analyse de portée générale du discours politique en tant que tel (dont l’auteur s’efforce de préciser théoriquement la nature, les fonctions, les contraintes, les procédés), c’est à la fois à une réflexion sur la construction des identités, tant individuelles que collectives, et à un diagnostic prudent sur l’évolution de la médiation politique – indispensable à la cohésion minimale du « vivre ensemble » qui fait la société – dans le monde contemporain (occidental essentiellement), et corrélativement sur celle de nos identités, que se livre P. Charaudeau. Ainsi les « masques du pouvoir », sous-titre de l’ouvrage, ne sont-ils pas des paravents d’activités ni de motivations occultes qu’il s’agirait de démasquer, mais, comme sur une scène de théâtre, des figures chargées de rendre lisibles et signifiants des discours, des actions, des acteurs, cet ensemble ne dissimulant pas la réalité politique, mais la constituant. De là l’importance centrale accordée, dans l’ouvrage, à la question de l’ethos1 (images des acteurs politiques construites dans et par leur discours), ainsi qu’à celle des imaginaires auxquels ces masques donnent accès – sortes de passeurs qui font que la réalité prend collectivement sens. 2 . Reflet, pourra-t-on dire, de ce que le monde politique reste encore largement « androcentrique » –(...) 2Le propos, pour être fondamental, n’est pas pour autant abstrait, la connaissance approfondie que l’auteur manifeste, ici comme dans ses précédents ouvrages, tant du discours politique que des médias, lui permettant de l’illustrer d’exemples judicieux, d’une manière que l’on pourra peut-être trouver parfois parcimonieuse (pp. 168-175, sur l’imaginaire de la modernité), parfois trop « orientée » si l’on exige de l’analyste (mais est-ce toujours nécessaire, et même possible ?) qu’il soit extérieur à ce qu’il étudie (bien avant que l’auteur ne se réclame d’un « socialisme réformiste » – pp. 235, n. 525 – on l’a plus ou moins deviné au