La scne de premire rencontre travers les sicles Extrait du Lys dans la valle de Balzac (1835) Flix de Vandenesse raconte sa rencontre avec Mme de Mortsauf lors dun bal Tours. Il tait impossible de sortir, je me rfugiai dans un coin au bout dune banquette abandonnne, o je restai les yeux fixes, immobile et boudeur. Trompe par ma chtive apparence, une femme me prit pour un enfant prt sendormir en attendant le bon plaisir de sa mre, et se posa, prs de moi par un mouvement doiseau qui sabat sur son nid. Aussitt je sentis un parfum de femme qui brillla dans mon me comme y brilla depuis la posie orientale. Je regardai ma voisine, et fus plus bloui par elle que je ne lavais t par la fte elle devint toute ma fte. Si vous avez bien compris ma vie antrieure, vous devinerez les sentiments qui sourdirent en mon cur. Mes yeux furent tout coup frapps par de blanches paules rebondies sur lesquelles jaurais voulu pouvoir me rouler, des paules lgrement roses qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la premire fois, de pudiques paules qui avaient une me, et dont la peau satine clairait la lumire comme un tissu de soie. Ces paules taient partages par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus compltement fascin par une gorge chastement couverte dune gaze, mais dont les globes azurs et dune rondeur parfaite taient douillettement couchs dans des flots de dentelle. Les plus lgers dtails de cette tte furent des amorces qui rveillrent en moi des jouissances infinies le brillant des cheveux lisss au-dessus dun cou velout comme celui dune petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessines et o mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre lesprit. Aprs mtre assur que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mre, et je baisai toutes ces paules en y roulant ma tte. Cette femme poussa un