Le mal

624 mots 3 pages
La phrase de Diderot, dont la locution restrictive traduit le caractère péremptoire, prend sa place dans l'idéal de sociabilité propre aux Lumières. Dans la perspective classique, dont le XVIIIème siècle est l'héritier, l'honnête homme est le modèle accompli de cet idéal : poli, cultivé, il joint à la qualité de l'éducation les vertus de mesure nécessaires à l'harmonie de la vie sociale. Molière avait déjà proposé avec le personnage d'Alceste une figure inapte à ces valeurs-là par son excès de franchise et son humeur bourrue devant les grâces salonnières. "L'ami du genre humain n'est point du tout mon fait", avoue-t-il fièrement à Philinte dont les minauderies polies le consternent. La solitude farouche qu'il choisit à la fin du Misanthrope paraît donc aux philosophes des Lumières le signe flagrant d'une malhonnêteté : on ne peut fuir les hommes que pour leur faire du mal (ce que recouvre à l'époque l'adjectif "méchant") ou pour expier quelque faute.
- On sait que Rousseau se sentait proche d'Alceste et considérait pour cela la comédie de Molière comme une apologie du mensonge. La phrase sur laquelle on se propose de disserter lui parut ainsi une allusion malveillante à son endroit du fait qu'il vivait en effet solitaire. Voici ce qu'il nous en dit dans ses Confessions : "Depuis mon établissement à l'Hermitage, Diderot n'avait cessé de m'y harceler, soit par lui-même, soit par Deleyre, et je vis bientôt, aux plaisanteries de celui-ci sur mes courses boscaresques, avec quel plaisir ils avaient travesti l'hermite en galant berger. Mais il n'était pas question de cela dans mes prises avec Diderot; elles avaient des causes plus graves. Après la publication du Fils naturel, il m'en avait envoyé un exemplaire, que j'avais lu avec l'intérêt et l'attention qu'on donne aux ouvrages d'un ami. En lisant l'espèce de poétique en dialogue qu'il y a jointe, je fus surpris, et même un peu contristé, d'y trouver, parmi plusieurs choses désobligeantes, mais tolérables, contre les

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