Le naturalisme
La doctrine du Naturalisme a été exposée par Emile Zola entre 1866 et 1880 dans de nombreux écrits théoriques, comme Une Campagne et Le Roman expérimental, où il ne cesse de répéter qu’il n’y a pas d’école naturaliste et que “Le Naturalisme n’est qu’une méthode, ou, moins encore, qu’une évolution”:c’est-à-dire l’aboutissement d’une tendance annoncée par un certain nombre de précurseurs et la conséquence d’un état nouveau de la civilisation. Si le mot “Naturalisme” remonte a Montaigne, c’est chez Diderot que cette tendance se manifeste pour la première fois. Zola écrit en ce sens: “Avec Diderot, l’ancêtre de nos positivistes d’aujourd’hui, naissent les méthodes d’observation et d’expérimentation appliquées à la littérature”. Alors que les les romantiques descendent de Rousseau par Chateaubriand, Hugo et George Sand, les naturalistes descendent de Diderot par Stendhal, Balzac et Flaubert. C’est donc en opposition aux romantiques, dont les conceptions idéalistes, encore liées à l’esthétique classique, ne sont pas adaptées à l’évolution de la société moderne que Zola pose sa conception. Reprenand la pensée de M.me de Stael, il affirme “Ce sont les sociétés qui font les évolutions littéraires”, et l’écrivain,“quel que soit son génie, est un simple ouvrier apportant sa pierre et continuant, selon ses forces, le vieil édifice national”. Or la société moderne est caractérisée par le développement des sciences: “L’esprit scientifique dans toutes les connaissances est l’agent même du XIXe siècle”; en particulier ce sont les connaissances sur la nature qui se sont accrues. “Le Naturalisme est le fruit naturel de la société démocratique nouvelle”. Il s’agit pour Zola de faire entrer dans la littérature les méthodes des sciences de la nature et les données nouvelles apportées par ces sciences. Trois ouvrages sont dans ce sens centrales: le Traité de l’Hérédité naturelle de Lucas, paru entre 1847 et 1850 ; L’origine des espèces de Darwin traduite en