Le néotribalisme
La deuxième stratégie privilégiée par l’homme postmoderne pour échapper à la déstabilisation de son "moi" résiderait dans le "néotribalisme" (Maffesoli, 1988), soit une forme souple de tribalisme -une autre forme de légèreté de l’être ? Elle consiste dans l’adhésion de l’individu à un groupe de personnes qui partage ses valeurs. Cette inscription n’est cependant pas totale ni définitive; elle peut, en effet, être facilement révoquée si elle ne convient plus et peut, de plus, coexister avec l’appartenance à d’autres groupes. Par ailleurs, la prolifération de ces groupes serait telle qu’elle obligerait, en fait, l’individu à se redéfinir régulièrement pour choisir dans cet "hypermarché", l’amenant ainsi à demeurer sujet tout en étant grégaire. Le choix se ferait selon les intérêts du moment, les goûts, les occurrences, les investissements passionnels passagers. La prolifération même de ces groupes indiquerait qu’ils ont su s’adapter au besoin de "zappage" de l’individu postmoderne et s’ajuster aux normes de sélection individuelle.
Ainsi, selon les penseurs postmodernistes consultés, l’homme d’aujourd’hui serait déstabilisé dans son identité par la perte des grands discours et de la notion de vérité absolue. Ne faut-il pas, d’ailleurs, ajouter à cette perte celle des idéaux collectifs, ces systèmes sociaux qui permettaient une fusion plus facile entre l’idéal-du-moi des individus et leur moi-idéal ? Pour tromper son désespoir, l’homme contemporain aurait recours, d’une part, à un individualisme marqué affirmant le pouvoir de sa subjectivité et, d’autre part, à un style de vie centré sur le présent et sur un parti-pris de légèreté de l’être. Celui-ci se manifesterait dans un nomadisme social, soit dans un engagement superficiel, discontinu, mais présent avec des individus et de groupes de semblables.
2.3. LES CARACTERISTIQUES DE LA POSTMODERNITE
Les grandes lignes de la Postmodernité retenues par Michel Maffesoli sont le