Le pardon pour quoi faire
Le pardon, pour quoi faire ? Par Rachel Franco
[pic]
Voici que nous nous approchons de Kippour, le jour dénommé « le grand pardon », et puisque l'introspection et la réflexion sont les premières clefs qui permettent de se préparer, je voudrai, à ma mesure, partager avec vous quelques interrogations. Si je m'adressai à un public juif, les termes pour m'exprimer seraient différents parce qu'ils renverraient à des concepts qui relèvent de la mentalité hébraïque, et donc de la Tradition ésotérique juive, mais comme je sais être lue essentiellement par un public non juif, mon expression sera fatalement infidèle dans sa richesse intérieure. Cependant, je tiens beaucoup à tous ces échanges qui se construisent avec les croyants des autres religions et les non-croyants, et je suis heureuse de continuer à le faire par le biais de cet article, et je vous invite à enrichir ma première réflexion. Une première clarification s'impose : il ne suffit pas de demander « pardon » au bon Dieu pour être nettoyé de nos erreurs, et des blessures que nous infligeons à autrui, quand bien même notre sincérité serait parfaitement entière. La Tradition juive enseigne que le pardon passe par l'homme offensé, et que l'Eternel ne saurait ignorer sa peine ou sa douleur. C'est seulement si cette demande renouvelée publiquement n'est pas entendue par l'homme offensé, que l'offenseur est, en quelque sorte, libéré du poids de son regret. Cette première idée est essentielle, car elle nous rappelle que nous sommes sur terre pour vivre avec Autrui, et pour construire ensemble un monde, réceptacle du Divin, et non pour vivre isolés les uns des autres, chacun enfermé dans sa tour d'ivoire. Cette première idée nous rappelle qu'il ne peut y avoir de relation avec Dieu qui soit coupée de notre relation avec les autres hommes. On ne saurait être un Saint ou un Juste sans vivre la complexité des relations humaines, et sans se frotter