Le Père Goriot est présenté comme un « Christ de la paternité », et sa vie de sacrifice pour Delphine et Anastasie, ses filles ingrates qui veulent l’oublier, est une passion véritable, et bientôt solitaire. Après une discrète apparition dans La Peau de chagrin, Eugène de Rastignac, qui arrive à Paris, est le héros ambitieux de l’ascension sociale. Il est naturellement sensible à la générosité du père Goriot et de Mme de Bauséant, mais il est aussi attiré par les promesses de réussite matérielle, grâce aux filles de Goriot, et surtout à Vautrin, fût-ce au prix de la morale. Le roman culmine sur les hauteurs du cimetière du Père-Lachaise, avec ces mots conquérants du jeune héros au grand Paris : « À nous deux maintenant ! » Vautrin enfin, homme puissant, jovial, fascinant et inquiétant, prend amoureusement Rastignac comme élève. Il entend lui expliquer les rouages cyniques de la société. Cet ancien forçat, Trompe-la-Mort est son surnom, est dénoncé à la police à la fin du récit. Il n’en demeure pas moins le héros de l’énergie. Il reste encore à évoquer tout ensemble Mme Vauquer et sa pension, qui par leur crasse commune et sordide, ont fait la réputation du roman. La longue page de cette description, digne d’anthologie, donne une image répugnante et effrayante de cette peinture de mœurs, où se révèle, dans toute sa mesure, complexe et grouillant, le réalisme de Balzac.
Balzac et le réalisme
Le Réalisme se prétend une traduction littérale des faits . Balzac se voit comme étant le secrétaire de la société d'où le nombre important de descriptions. Pour lui, la société humaine qu'il appelle aussi une faune est une pièce de théâtre. Son but principal est donc d'expliquer la