Le piège du libre échange
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) apparaît, sans contredit, comme l’institution qui a le plus contribué, depuis son entrée en vigueur en 1995, à la désorganisation des systèmes agricoles et alimentaires dans le monde. L’Accord sur l’agriculture, ainsi que d’autres accords également régis par l’OMC, visent l’instauration d’un système libre-échangiste qui prend le contre-pied de la souveraineté alimentaire.
Les causes de la crise alimentaire sont multiples : l’imposture des biocarburants, le scandale de la spéculation sur les denrées alimentaires, les changements climatiques, la hausse de la demande, les ambiguïtés de l’aide alimentaire, etc. Tous ces facteurs sont réels, mais le mal est plus profond. Il est structurel. Il plonge ses racines dans les nouvelles règles du jeu qui régissent le système économique mondial, dit global, depuis le début des années 1980.
Ces règles, enchâssées d’abord dans les Programmes d’ajustement structurel (PAS), puis dans l’Accord de libre-échange nord-américain (qui en 1994 devient le premier traité de libre-échange à englober l’agriculture) et ensuite dans les accords de l’OMC, peuvent se résumer en quatre impératifs catégoriques : déréglementation, privatisation, libéralisation et réduction des dépenses sociales de l’État. En somme, c’est la logique de l’intervention minimale de l’État et du tout-au-marché, incluant l’interdiction de protéger l’agriculture nationale.
Ajuster les pratiques agricoles du tiers-monde au marché global
Au début des années 1980, le FMI et la Banque mondiale se découvrent une nouvelle vocation : ajuster les structures socioéconomiques des pays du tiers-monde aux règles de cette nouvelle phase du capitalisme contemporain appelée globalisation. Ce système, dominé par une poignée d’oligopoles, dont celui de l’agrobusiness, vise à englober dans un marché planétaire déréglementé toutes les ressources de la planète, y