Le pont mirabeau
Lecture analytique
Poème écrit en 1912, peu après la rupture avec Marie Laurencin et placé en deuxième position dans le recueil Alcools (publié en 1913). Le titre renvoie à un pont métallique, à l’ouest de Paris et qu’Apollinaire, habitant dans le quartier d’Auteuil depuis 1909, avait l’habitude d’emprunter lorsqu’il rentrait chez lui à pied, venant de la rive gauche. Un poème d’amour, poème lyrique et élégiaque (expression du regret, de la nostalgie, de la mélancolie, venant d’un mot grec signifiant « plainte ») qui évoque la fuite du temps et le souvenir des amours mortes, deux thèmes élégiaques par excellence.
I. Le registre élégiaque
1. La fuite du temps Image de l « ’eau courante »(v.13) évoque/symbolise la fuite du temps. Thème omniprésent dans le texte « souvienne (v.3)…toujours après(v.4)…nuit, heure (v.5,11,17,23)…jours (v.6,12,18,19,24)…. » La symbolique de l’eau courante, signe de l’écoulement du temps, n’est pas nouvelle. Héraclite, dans l’Antiquité Grecque, en faisait le pivot de sa philosophie, les Romantiques l’ont beaucoup reprise. Les verbes aussi évoquent/renforcent cette évocation de la fuite du temps « venait » (v.4), « s’en vont » (quatre fois dans le refrain), « s’en va » (v.13/14). Ils sont presque tous au présent, marquant ainsi la continuité éternelle, l’imparfait marque lui l’habitude (valeur itérative) . Fuite du temps marquée ainsi comme un processus que rien ne peut enrayer. Les répétitions et reprises renforcent l’idée avec la création d’un rythme, musical et sémantique. Le dernier quatrain est particulièrement révélateur à cet égard « passent….passent » « Ni Ni » Un rythme qui marque bien le mouvement perpétuel du temps et le vertige qu’il provoque. L’image de la fuite du temps est ici particulièrement expressive, malgré sa très grande simplicité apparente, en raison de l’adéquation parfaite du thème, de