Le procès des templiers
L'ordre du Temple et le mystère qui l'entoure font encore aujourd'hui l'objet de nombreuses recherches. Ordre religieux et militaire crée en 1119 pour assurer la sécurité des pèlerins en Terre Sainte, le procès qui mènera en 1312 à sa dissolution soulève de nombreuses questions, religieuses mais aussi politiques. La source que nous allons étudier est le procès-verbal de Raymond de la Fare, chevalier de l'ordre du Temple. Il est l'un des 138 procès-verbaux rédigés lors de l'interrogatoire des Templiers qui eut lieu à Paris entre le 19 octobre et le 24 novembre 1307, sous l'autorité du grand Inquisiteur de France, Guillaume de Paris. En sa qualité d'acte juridique, la source fut rédigée en latin par des notaires sous le contrôle de l'Inquisiteur, soucieux de conserver par écrit les archives de l'Inquisition. Ce procès verbal fut également rédigé à l'attention de la papauté, comme nous allons le voir. Le procès des Templiers, dont est issu cette déposition, est un élément révélateur des luttes entre pouvoirs spirituels et pouvoirs temporels qui animent l'Occident au XIIIème et XIVèmes siècles, marquant pour beaucoup d'historiens la genèse de la création de l'Etat moderne et le déclin du pouvoir de la papauté. Le règne de Philippe Le Bel, de 1268 à 1314, s'inscrit tout particulièrement dans ces luttes de pouvoirs. Ses nombreuses réformes et sa quête de richesse sont les témoins de sa volonté d'élargir le domaine et la puissance royale ; une volonté d'absolutisme qui se heurte évidemment à l'autorité de la papauté, peu enclainte à abandonner sa position prédominante sur l'Occident. Son règne sera ainsi marqué par son opposition perpétuelle aux papes, particulièrement Boniface VIII contre lequel il ira jusqu'à mener ce que l'on peut peut appeler un attentat, et échappa de peu à l'excommunication : puis contre le pape Clement V dont le pontificat devra faire face au procès des Templiers, qui ne sera qu'un point de