Le racisme
L'auteur s'intéresse à trois aspects du phénomène. Il décrit d'abord les formes d'expression du racisme dans les relations de travail. Il constate qu'en dépit des menaces de sanctions et du contexte moral actuel, l'ascension du FN et la suppression progressive des tabous confèrent un semblant de légitimité à un racisme souvent symbolique (plaisanteries, tracts...). Derrière celui-ci, on trouve un refus viscéral de toute affirmation identitaire de la part des travailleurs immigrés (ou fils d'immigrés) sur le lieu de travail.
Philippe Bataille décrit ensuite les processus assez terrifiants de discrimination au sein de l'entreprise avec la mise en place progressive d'un système d'ascension sociale et de répartition des tâches qui n'est plus fondé sur le critère de compétence, mais sur des considérations ethniques et raciales. Cette dérive tend à bloquer la promotion sociale des catégories ethniquement marquées et à les reléguer à des tâches subalternes, qui les tiendront, autant que possible, éloignées de la clientèle.
Enfin, différentes formes de discrimination socio-culturelles à l'embauche traduisent le recul des critères de compétence personnelle et de qualification professionnelle. Un chapitre entier consacré à la fonction publique montre que celle-ci n'est nullement épargnée par le phénomène. Dans une seconde phase, Philippe Bataille s'interroge sur les possibilités d'action du syndicalisme face au racisme. Face à la «loi du silence» qui semble peser sur ce sujet, n'y a-t-il pas urgence, se demande l'auteur, à ce que le syndicalisme, plutôt que de