Le roi se meurt
> Comparer les définitions de la tragédie antique et de la tragédie classique avec cette mise en scène du Roi se meurt, afin de dégager les caractéristiques tragiques de cette pièce.
• La règle des trois unités est respectée. Comme chez Racine, elles créent un effet d’enfermement des personnages qui ne peuvent échapper au destin.
L’intrigue est presque inexistante: seule la condition physique et psychologique du protagoniste évolue. Ionesco n’a pas découpé la pièce en actes et, de fait, si le rideau se lève, il ne se baisse pas. La fatalité est soulignée par le compte à rebours impitoyablement prononcé par la reine Marguerite. Le langage métathéâtral fait référence au genre de la tragédie tout en instaurant une distance avec celui-ci: «Tu vas mourir à la fin du spectacle.» Pas d’échappée possible.
• La tragédie, le genre le plus élevé du théâtre selon
Aristote, se déroule le plus souvent dans un palais et représente la chute de rois ou de reines. Beaucoup d’éléments de la mise en scène connotent la royauté.
Les objets d’abord : trônes, couronnes, sceptre, symboles du pouvoir. Le décor, contrairement à la didascalie initiale de la pièce, ne comporte pas d’élément gothique mais des murs pourpres. Ceux-ci évoquent à la fois le rideau du théâtre et les rideaux de velours qui servaient d’arrière-plan aux portraits royaux. Les costumes reprennent aussi matières et couleurs des portraits de l’Ancien Régime: le costume du roi est pourpre et rouge, relevé d’or, tandis que la robe de la reine Marguerite est pourpre, assombrie de dentelle noire. Sous son manteau, le roi porte une tenue d’inspiration Renaissance, des bas blancs, un renard au col. Sans s’inscrire dans une époque précise, les décors et les costumes symbolisent clairement le pouvoir royal dans la culture occidentale.
• Comme dans beaucoup de tragédies, la personne du roi et le royaume se confondent. Comparons les signes de la mort du roi dans la pièce avec le