le roman naturaliste décrit un milieu. La démarche naturaliste a pour modèle les sciences naturelles. Furetière affirme d’ailleurs que les naturalistes expliquent des phénomènes « par les lois du mécanisme et sans recourir à des causes surnaturelles. » Il s’agit donc pour un romancier naturaliste de décrire des faits et non de créer un décor pour mieux relater une histoire. Zola se définit, avec les autres romanciers naturalistes, comme étant « des naturalistes » qui ramassent « des insectes », qui collectionnent « des faits ». Le romancier naturaliste devient alors plus savant que créateur d’un récit. Il refuse d’ailleurs le surnaturel, le spiritualisme au profit de la réalité. Le naturalisme entend substituer la réalité humaine dans toute sa complexité. Il rétablit l’unité de l’homme, fouillé jusque dans les ressorts les plus secrets de son corps, avec son époque et son milieu. Zola ne fait pas appel à son imagination lorsqu’il écrit Germinal. En effet, il est descendu au fond de la mine d’Anzin, il a visité les corons pour écrire ce roman. Il est monté aux cotés du mécanicien sur la ligne Paris-Mantes pour préparer La Bête humaine, il a aussi passé toute une nuit aux Halles pour écrire le Ventre de Paris. Le naturalisme veut d’abord être un savant à l’instar d’un zoologiste qui se trouverait forcé d’étudier la plante sur laquelle vivent les insectes qu’il étudie. Il étudie longuement les milieux dans lequel vivent les personnages. Depuis Balzac, on ne peut plus ignorer que « l’homme ne peut être séparé de son milieu, qu’il est complété par son vêtement, par sa maison, par sa ville, par sa province. »
La description naturaliste ne tend pas à rendre magnifique un lieu. Elle rend plutôt compte des faits. Avec le roman expérimental, le romancier prétend analyser « le mécanisme des faits » en opérant « sur les caractères, sur les passions, sur les faits sociaux comme le chimiste et le physicien opèrent sur les corps bruts, comme le physiologiste opère sur les corps