Le régime politique français--bastien françois
Bastien François, Le régime politique de la Ve République
, Repères, La Découverte, 2004.
I/ L'ère des technocrates
Au cours du XXe siècle, le pouvoir dans l'État bascule lentement du législatif vers l'exécutif.Le suffrage universel n'est pas remis en cause mais les politiques se voient accusés de détourner le pouvoir acquis grâce à leur élection pour leurs profits. Pour certains juristes, l'État est censé être le véritable représentant de la nation, les corps électoral et parlementaires n'étant que desinstitutions: le Parlement ne saurait donc à lui seul définir la volonté générale. A la suite de laGrande Guerre, ce mouvement prend de l'ampleur en même temps que d'autres courantsréformateurs qui estiment que l'action publique doit être plus « scientifique » et rationnelle,notamment en matière de finances alors que des experts économiques prennent de l'importance: lacapacité d'expertise inhérente aux techniciens d'une action publique efficace ne se trouve pas surles bancs du Parlement, mais doit être l'affaire des « forces vives » de la nation, c'est-à-dire desreprésentants des groupes socioprofessionnels réunis dans une même assemblée, tandis que leParlement devrait se contenter d'un rôle d'arbitre entre la recherche de l'intérêt général et laconciliation des intérêts sociaux définis par les experts. Cela suppose un pouvoir exécutif fort etindépendant, recruté hors du Parlement sur des critères de compétence technique. Dans le mêmetemps apparaît « l'idéal planificateur », ambition économique portant sur la reconstruction et unerénovation de la démocratie par la participation des groupes socioprofessionnels. Au Commissariatdu Plan créé en 1945 se forme un réseau composé de hauts fonctionnaires, , des syndicalistes, deséconomistes, qui cherche à mettre en place un projet de « démocratie économique » alternatif à ladémocratie parlementaire. Avides de réformes, ils investissent les écoles de formation des élitespolitico-administratives et reçoivent le