Le rôle de la poésie
Après les cercles de reines et de princesses à la Cour (XVe, XVIe siècle), apparaissent en ville, autour de femmes dont les maris sont libéraux, absents ou morts, les salons particuliers. Ils naissent au XVIIe, se multiplient à la fin du siècle. Madame de Rambouillet établit un modèle, un décor, des manières. Les guerriers parlent, ils acceptent "cette coalition contre la grossièreté" qui avait marqué la cour d'Henri IV. Après la Fronde, les Précieuses font parler d'elles : elles osent réclamer de la considération pour les femmes, et un langage aussi bien dépourvu d'obscénités que de pédantismes. Cette dernière querelle, qui leur valut si fâcheuse réputation, porte, en fait, sur l'accessibilité du savoir.
Lieux "pédagogiques" au XVIIe siècle, les Salons deviennent au XVIIIe siècle (Mme Geoffrin, Mme du Deffand, Julie de Lespinasse, Mme Necker...) des "caisses de résonance" pour les auteurs, savants et artistes. Ils sont caractérisés par la mixité intellectuelle ; des femmes s'y expriment, y trouvent une occasion de satisfaire leur soif de savoir, (certaines parviendront à aller assez loin, au XVIIIe, dans la connaissance des sciences), y entretiennent les hommes de leur vision du monde. Le langage s'y polit ; il se doit d'être clair, agréable, et se plie aux règles du jeu permanent qu'est la conversation. Une minorité de femmes peut ainsi participer de l'élite. Cependant, si certaines sont tentées de passer "de la conversation à la création" (Claude Dulong), leurs productions littéraires, rares, se doivent de rester anonymes. Il en est ainsi de Mme de Lafayette avec La Princesse de Clèves, roman paru en I678.
La mixité est particulièrement réussie en France, au XVIIIe, dans ces "États Généraux de l'esprit humain" où s'épanouit la philosophie des Lumières. Des femmes cultivées, intelligentes y sont de véritables partenaires avec qui on peut remettre en question des idées religieuses, politiques,