Depuis des semaines, on parlait d'un malaise. Le républicain Chuck Hagel n'avait jamais réussi à s'installer totalement dans son poste au Pentagone, ni à vraiment percer la cuirasse du petit cercle hermétique qui tranche les décisions de sécurité nationale à la Maison-Blanche. On le disait peu loquace pendant les débats internes de la «situation room», plutôt un exécutant des décisions présidentielles qu'un décideur majeur. Le chef d'état-major Martin Dempsey semblait de plus en plus prendre l'ascendant, auprès du président. «Sa capacité à diriger efficacement le Pentagone et à définir une stratégie claire en Irak et en Syrie était mise en doute par nombre de généraux», confie au Figaro un ancien militaire de haut rang, très présent sur le terrain irakien.
Il y a huit semaines, Hagel avait pourtant envoyé un mémo exprimant son mécontentement face à la manière dont la Maison-Blanche avait mis le Pentagone sous contrôle, le transformant en caisse d'enregistrement de ses décisions, allant jusqu'à mettre sa démission dans la balance, selon une source proche des milieux militaires. «Il avait des divergences sur la stratégie de défense générale, des questions budgétaires à la restructuration des forces nucléaires en passant par la stratégie face à l'État islamique (EI)», explique cette source. Hagel s'élevait aussi contre la «micro-gestion des crises par le Conseil de sécurité nationale», indique cette source. Les militaires ont été exaspérés par la décision d'Obama de nommer un ex-général, John Allen, en charge de l'effort international face à l'EI - court-circuitage «inacceptable» du Pentagone. «Le fait qu'il faille faire confirmer les cibles visées en Irak par la Maison-Blanche est très mal vécu», confirme un ancien général.