Le sida: un enjeu économique
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Le SIDA est avant tout un drame humain. En même temps, peu de questions illustrent aussi bien la « mondialisation », ses périls et ses opportunités, que celle du SIDA en Afrique. Au plan strictement médical, d’abord, la pandémie est par essence un phénomène qui dépasse les frontières et les modes de régulation nationaux (le système sanitaire du pays). Au plan médicaux-économique, ensuite, le SIDA se caractérise par des logiques transnationales particulièrement frappantes : on sait, depuis notamment les travaux de Paul Farmer (1996, 1998 [ 1] ), que la pauvreté et les inégalités mondiales sont des facteurs « épidémiologiques » : les chocs macroéconomiques (dus aux fluctuations du commerce mondial et parfois aux ajustements structurels qui en résultent) accélèrent la transmission de la maladie , parce qu’ils entraînent des flux migratoires intra-nationaux, un délitement des cadres villageois traditionnels, et un dénuement aggravé des femmes en zone urbaine ; la coexistence d’une population pauvre, privée d’activité économique, et d’une population riche, bien soignée et vivant longtemps avec le virus, est aussi, en soi, un facteur de propagation [ 2] . Enfin, et peut-être surtout, les traitements, les médicaments, et parfois même, les ressources financières pour lutter contre la maladie se trouvent ailleurs que dans les pays du Sud majoritairement touchés, caractérisant encore une fois une logique forte de mondialisation des problèmes. Exemple le plus connu, les traitements médicamenteux (les fameuses bi/trithérapies) sont à ce jour produits « en occident » (sauf exceptions, telles que le laboratoire producteur de génériques CIPLA en Inde), sous licence de laboratoires pharmaceutiques des pays développés, et vendus dans le monde entier à un prix fixé indépendamment des besoins nationaux (et ressources) des pays africains.
— Capital physique : les sommes consacrées aux soins sont détournées de leurs allocations productives (épargne). Comme nous l’avons vu, l’effet