Les lois qui règlent la vie sociale nous enjoignent l'obéissance. En cela elles contraignent nos comportements dans les domaines où elles prescrivent. Si bien que l'on peut se demander si la liberté humaine ne pourrait pas tout simplement être définie par l'espace des comportements où la loi ne prescrit pas. Le silence de la loi suffit-il à définir la liberté ?

Si la loi est toujours contraignante et la liberté du côté de l'absence de contrainte, on peut penser que la véritable liberté est du côté de l'absence de la loi. L'état d'avant la loi - l'état de nature - ou l'état de "hors-la-loi" seraient les vrais domaines de la liberté. Mais avec l'avènement de l’État et la législation qu'il engendre, il ne resterait que des îlots de liberté, là où les lois se taisent. Si bien que le silence de la loi ne définirait qu'une liberté par défaut, vestige de l'"Age d'Or" d'une liberté naturelle. Pourtant on n'a aucune expérience d'un état de nature d'avant la loi ; par ailleurs on sait que les hors-la-loi forment des bandes en lesquelles les règles sont autrement plus féroces que les lois d'un État. Cette idée d'une vie libre grâce à l'absence de lois est-elle réaliste ?

Selon Hobbes une vie sans lois "permettrait à tous les autres hommes de se rendre maîtres de leurs vies". Conformément à notre expérience historique d’États qui se désagrègent, il caractérise les rapports des homme à l'état de nature comme "la guerre de chacun contre chacun". Loin d'être un état de liberté, cet état est celui de la pire contrainte : celle de l'insécurité permanente. Si bien qu'il ne faut pas comprendre l'idée que la liberté réside dans le silence de la loi comme une prise de position hostile de la loi. Mais alors en quoi la loi pourrait-elle être positive pour la liberté ?

Le premier effet de l'existence de la loi est de poser une force neutre et supérieure à toutes les forces individuelles, pour contenir les désirs de chacun. C'est la force du "souverain" comme dit Hobbes et d'une