Le terme central des liaisons dangereuses
5328 mots
22 pages
Le thème central des Liaisons dangereuses est parfaitement défini par son titre. Mais ce titre ne fait pas seulement allusion aux mauvaises rencontres qui pervertissent Cécile Volanges et provoquent la mort de Madame de Tourvel. Comme l'écrit Laurent Versini , "le mot liaisons signifie en fait relations sociales" ; les "liaisons dangereuses" sont donc en fait le lien social lui-même et ses effets destructeurs sur l'individu, dans une société dominée par le conformisme, c'est-à-dire le mimétisme. La caractéristique du jeu des relations sociales dans les Liaisons est précisément de ne laisser aucun jeu aux personnages, aucun espace de liberté. Les libertins, malgré les apparences et l'étymologie, n'y sont pas plus libres dans leur rôle que les jeunes filles entre les murs des couvents. L'intelligence souveraine de Mme de Merteuil et de Valmont fait illusion sur leur souveraineté. Laclos enferme au contraire ces princes du libertinage dans les rouages d'une intrigue qu'ils croient conduire mais qui les mène inéluctablement à leur perte. De la même façon, il n'y a pas de place dans ce roman pour les mythes de la méchanceté et du satanisme qui donneraient à Mme de Merteuil et à Valmont une sorte de transcendance, en les dotant d'un pouvoir supérieur. Aucun "mensonge romantique" dans les Liaisons, mais, partout et toujours, jusque dans les inventions les plus tortueuses de ces maîtres de l'intrigue, les lois du mimétisme. L'étude du mimétisme dans ce roman permet en effet de mettre clairement en relief le double conformisme social dans lequel vivent les personnages, la réduction qu'ils subissent de l'être au paraître, et l'effet produit, dans une telle société, par l'apparition de Madame de Tourvel qui, elle, ignore le conformisme et la distinction entre être et paraître.
Société et conformisme dans les Liaisons La société que décrit Laclos est dominée par deux conformismes opposés et complémentaires : la pruderie et le libertinage. Tous deux sont