Le texte et l'image
Signes linguistiques
Deux champs sémiotiques distincts { Signes iconiques
Selon Michel Foucault (à propos des recherches de René Magritte) les images et les mots ne peuvent valoir pour ce qu’ils désignent. L’image ne vaut pas pour le mot, et le mot ne vaut pas pour l’image. Les mots valent seulement pour les mots et les images seulement pour les images. Il s’agit là de signes de natures différentes dans des champs d’énoncés spécifiques.
S’il est vrai comme le souligne Michel Butor, que l’on trouve pratiquement à toutes les époques des mots dans la peinture, il n’en reste pas moins que c’est à l’aube du XX° siècle que la relation entre les deux systèmes se noue tous azimuts. Jusque là, la connivence entre le texte et l’image est généralement de rigueur : « Lisez l’histoire et le tableau afin de connaître si chaque chose est appropriée au sujet » écrivait Nicolas Poussin dans sa lettre à Chantelou du 28 avril 1639.
Bien des peintures juxtaposent écriture et image ne serait-ce que par la signature. Il faut s’interroger sur un certain genre de contiguïté, celui de l’échange. Lorsque dans (et par) la pratique picturale, l’iconique et le scriptural, tendant à s’affranchir de leurs rôles consacrés, convergent ou fusionnent.
L’histoire se joue dans le foisonnement des signes écrit parmi les signes peints, dans le chevauchement des disciplines.
Dès lors leur association génère un au-delà de la lecture habituelle du texte ou de l’image. Un décalage entre l’image et le sens premier du mot génère un propos perceptible où le spectateur se doit de combler les vides. Il faut alors se placer des l’entre-deux, entre le sens du mot et la manière dont il est traité. L’esprit du spectateur peut continuer à expérimenter la forme, le sens et leurs interactions.
Dans la modification de la lecture habituelle du mot ou de l’image, la tension résultant de leur rencontre laisse une place à la projection