Le titulaire de la souveraineté
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Il est de l'essence de la puissance souveraine de ne pouvoir être limitée : elle peut ou elle n'est rien ». C'est ce qu'affirme Rousseau dans son ouvrage des « Lettres écrites de la montagne », définissant ainsi la souveraineté comme une puissance illimitée. La souveraineté est donc l'autorité suprême. Désignée comme telle, cela signifie qu'elle est supérieure à toute autre puissance et que les autres pouvoirs lui sont subordonnés. Elle constitue la capacité d'édicter des normes applicables à tous les citoyens sur l'ensemble d'un territoire, et ceci légitimement. Outre ces caractéristiques indéniables, la question de savoir qui est le détenteur de cette souveraineté a fait l'objet de nombreuses théories parfois opposées, particulièrement au XVIII° siècle. Après la théorie du droit divin qui établissait que Dieu, seul détenteur de la souveraineté, confie ce pouvoir à un monarque qui devient alors son porte-parole, la Révolution Française donne au concept de la souveraineté un aspect démocratique. Ainsi, l'article 3 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 énonce que « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément. ».
Le titulaire de la souveraineté devient dès lors la Nation ou le Peuple, la distinction n'étant pas réellement établie dans les premiers temps de ce nouveau concept, désignant tous les deux en 1791 l'ensemble des citoyens actifs (qui peuvent voter). Cependant, la distinction entre souveraineté du peuple, c'est-à-dire populaire, et souveraineté de la Nation, c'est-à-dire nationale, est essentielle car elles entraînent des régimes politiques différents et des modes d'expression de la volonté générale distincts. Ainsi, la souveraineté populaire, théorie développée par Rousseau, fait du Peuple son détenteur, et ceci en tant qu'être collectif. Selon lui, chaque individu doit détenir une parcelle de souveraineté, celle-ci étant