Le transfert dans la relation éducative
Auteur(s): Joseph Rouzel -
éd. 2002, Dunod (231 p. ; 22 €)
« L’approche analytique, contrairement à ce que certains croient pouvoir me reprocher, n’invalide pas les autres approches et ne saurait nullement être présentée comme un point de vue unique et somme toute totalitaire » (p. 19). Que le lecteur se rassure : l’auteur n’a pas abandonné ses convictions. Pour lui, le discours psychanalytique reste toujours un outil privilégié qui permet d’interroger non seulement les différents champs de savoir et de savoir-faire, mais aussi le désir qui pousse chacun à s’y engager. Il reconnaît simplement qu’il n’y a pas de cause unique et que l’on est entré dans une époque de relativisme généralisé. Dont acte.
Mais, reconnaissons-le, dans sa tentative d’utiliser la psychanalyse au profit de la clinique éducative, Joseph Rouzel excelle. À preuve, cet ouvrage passionnant qui développe sa conviction profonde : aux avant-postes de la souffrance sociale, les éducateurs doivent être dans un questionnement permanent de ce qu’ils engagent dans leurs relations aux usagers. Certes, il existe encore des discours qui revendiquent la neutralité bienveillante et l’injonction à ne pas tenir compte de ce qui se passe au plus profond de soi. Mais, côtoyer en permanence la misère humaine ne laisse pas indemne. L’approche de l’usager est faite de haine et d’amour et nécessite donc des espaces de médiation efficaces afin d’éviter tant le collage affectif que le rejet. De fait, chaque rencontre opère sous transfert. Ce concept loin d’être réservé au seul cadre de la cure est opératoire dans toute pratique sociale. Tout éducateur porte en lui l’image d’un enfant merveilleux qu’il projette sur celui qu’il est censé aider. Mais, « quels que soient la bonne volonté déployée, le savoir-faire mis en ?uvre, les compétences acquises, les moyens mobilisés, le résultat est toujours insatisfaisant et ne répond jamais aux attentes » (p.31). C’est qu’il y a