10 PHILOSOPHIE

Ayant entrepris, par la méthode exigeante du doute hyperbolique(1), de mettre en question toute réalité, Descartes a pu arrêter ce doute par une première évidence : s’il y a doute, c’est qu’il y a pensée car douter, c’est nécessairement penser.
Il retrouve ensuite la certitude de l’existence des corps, qui, pour lui, relèvent uniquement des lois mécaniques(2).
Mais, s’il peut avoir l’évidence qu’il est parce qu’il pense dès lors qu’il doute, qu’est-ce qui permet à d’autres esprits de s’assurer qu’il est un esprit puisque l’on pourrait considérer que ce qui apparaît de lui, son corps et donc aussi sa voix, sont mus mécaniquement ?
Or, seul l’usage du langage par l’homme permet, selon Descartes, de faire l’hypothèse que tout homme est une substance pensante puisqu’il a cette faculté.
La réflexion sur ce que sont le langage et ses implications est ainsi capitale pour étayer le système philosophique cartésien mais aussi pour nous donner l’occasion de nous interroger sur ce qui est proprement humain.
Quelle est l’argumentation de Descartes ?
Pour qu’il y ait langage, il faut qu’existent des signes, sons ou autres
(puisque les muets exercent cette fonction par d’autres moyens que les sons), mais que ces signes soient « à propos des sujets qui se présentent », c’est-àdire en relation avec le contexte (puisque même les fous, qui n’ont pas l’usage de la raison, parlent et donc possèdent la fonction du langage). Cela montre que, par différence avec les signes qu’expriment les animaux ou même les humains quand ils sont émus et qu’ils poussent des cris de douleur ou de joie spontanément, le langage est la manifestation d’une intention de communiquer qui requiert, en conséquence, la pensée.
Descartes prend pour illustrer son argumentation des exemples très clairs :
- Le perroquet semble émettre un langage, mais c’est un pur mécanisme répétitif de l’ordre du réflexe conditionné et donc sans « à propos ».

DR

Descartes : le langage, le