Le Vieux N Gre
Méka. Homme entre deux âges que les colons catho ont transformés en "bon" chrétien, tout acquis à la cause religieuse. le vieux ne se sent plus de joie quand l'administration coloniale lui annonce sa prochaine décoration par "le chef des blanc".
Il avait eu la grâce insigne d'être le propriétaire d'une terre qui, un beau matin, plut au bon Dieu. Ce fut un père blanc qui lui révéla sa divine destinée. Comment pouvait-on aller contre la volonté de Celui-qui-donne ? Méka qui, entre-temps, avait été recréé par le baptême, s'effaça devant l'huissier du Tout-Puissant.
Dans la première partie de ce « Vieux nègre et la médaille » de Ferdinand OYONO, nous avons le portrait caustique des habitants de Doum, ainsi que leurs voisins, dont la naïveté de nègres colonisés montant en épingle la "reconnaissance de l'ami blanc" nous tire des sourires condescendants.
Nous sourions, nous, lecteurs avachis dans nos moelleux conforts de lettrés occidental – ou assimilés –, à des année-lumières de ces réalités. Nous sourions, en imaginant cette société ancienne qui marie Kélara à Méka avec une décontraction qui révulse
"Voilà ta femme, lui avait-il dit. Tu pourras venir la chercher quand elle sera à point"
Nous sourions, imaginant Engamba, le beau-frère, ainsi que son épouse Malia, marcher nuit et jour vers Doum afin de participer à la gloire du médaillé
- Et toi, ici, intervint Mbogsi, s'il t'arrive quoi que ce soit, il te suffira de dire au commandant que tu es le beau-frère de celui qu'est venu décorer le Chef des Blancs
- ça, c'est la vérité, ponctua l'étranger. Ta famille, tes amis, les amis de tes amis seront désormais des privilégiés. Il leur suffira de dire : "je suis l'ami de l'ami du beau-frère de Méka" pour que toutes