lecture analytique diderot jacque le fataliste
Objectifs du texte : L’incipit de Jacques le fataliste est un texte fondamental pour l’histoire du roman moderne. Publié de façon posthume en 1796, mais rédigé en 1778, l'œuvre explore la forme romanesque en montrant tous ses possibles. L’incipit est une sorte de synthèse de ce projet : la présence d’un narrateur qui joue avec le lecteur et, ce faisant, brise l’illusion romanesque ; l’introduction dès la première page de la forme théâtrale, puis une histoire peu banale d’un valet qui va raconter ses amours à son maître sont les traits les plus marquants de ce début de roman.
LECTURE DU TEXTE
Les premières lignes du premier paragraphe ne peuvent que surprendre le lecteur. Le jeu de questions-réponses laisse entendre deux voix : une première voix pose des questions à propos d’individus (« ils ») qui ne sont identifiés que par la suite ; la seconde propose des réponses qui sont autant de fins de non-recevoir. Il faut s’attacher au sens des questions pour comprendre qu’il s’agit de questions que se pose tout lecteur au début d’un roman et que les réponses apportées sont celles du narrateur. Autrement dit, l’originalité de cet incipit est qu’il met en scène de façon originale le lecteur et le narrateur, exhibant ainsi ce qui est habituellement caché avec soin dans la construction romanesque. Dans le même mouvement, en dévoilant le « pacte de lecture » tacite noué entre auteur et lecteur, Diderot rompt l’illusion réaliste, qui fait que l’on croit à une histoire pourtant invraisemblable, tout au long de notre lecture. Le dernier paragraphe est plus explicite encore puisque le narrateur s’adresse directement au « lecteur », qu’il apostrophe, et qu’il fait référence à ses fonctions et à son pouvoir dans la fiction. Les questions terminant l’extrait sont autant de récits possibles. La conclusion du narrateur est explicite. Celui-ci s’amuse de son pouvoir de créateur et ironise à propos de l’écriture du roman