Lecture analytique début chef d'oeuvre inconnu balzac
Lorsque paraît pour la première fois Le Chef-d’oeuvre inconnu, la nouvelle de Balzac, en 1831, dans la revue L’Artiste, l’époque est au désenchantement. C’est la seconde génération romantique qui ne trouve pas d’idéal à la mesure de son aspiration dans cette société bourgeoise et conformiste de la monarchie de juillet. « Etre artiste ! »devient le mot d’ordre de la jeunesse. La notion d’artiste se dissocie de celle de l’artisan pour atteindre le statut de Créateur, de personnage mythique qui, par sa façon de penser et de vivre, se distingue du commun des mortels et surtout du type du bourgeois, exclusivement occupé à s’enrichir. Ainsi, Balzac prend-il ses distances avec son époque, en remontant le temps jusqu’à l’année 1612, pour introduire ses lecteurs dans l’atelier de peintres d’exception, qu’ils soient fictifs comme Frenhofer ou bien, ayant existé, comme Porbus ou Poussin. Dans l’extrait qui nous intéresse, et qui se situe presque au début de la nouvelle, un jeune homme, dont on suppose qu’il est peintre, (on apprendra plus tard qu’il s’agit du célèbre peintre Poussin) s’est décidé, après beaucoup d’appréhension à gravir l’escalier qui le mène à l’atelier d’un peintre de renom, Porbus. Alors qu’il est sur le palier et hésite à frapper à la porte du peintre, voici qu’un étrange vieillard « vint à monter l’escalier ». Cet homme énigmatique va être perçu par le double regard du romancier et du personnage. Cependant ce portrait étrange va bien au-delà d’une simple fonction informative ou décorative. Balzac a un projet artistique et même philosophique qu’il nous appartiendra de découvrir. D’abord, examinons l’art du portrait qui se voudrait réaliste mais qui tourne à l’étrange, voire au registre fantastique. Ensuite, l’apparition mystérieuse se métamorphose progressivement en tableau vivant ou, plus encore, en synthèse des arts. Nous verrons comment et pourquoi.
Un portrait réaliste qui échoue A)