Les apologistes du travail
Au début du texte, Nietzsche nous fait part d'un constat : il y a, dans la société de son époque, des gens qui font l'apologie du travail : ces « apologistes du travail » se livre à une « glorification », à une « bénédiction du travail ». Il déclare voir dans ces éloges du travail une « arrière pensée », ce qui veut dire qu'il considère que l'éloge du travail qui est faite n'est pas sincère, qu'elle dissimule une autre pensée, une autre intention et peut-être même a-t-il des raisons de penser que cet éloge du travail n'a pas lieu d'être.
On peut raisonnablement se demander ce qui peut faire douter Nietzsche, dans la mesure ou le travail est de nos jours, comme il l'était à son époque, une activité socialement valorisée, on parle positivement du « goût de l'effort », de « goût du travail », on nous encourage même à « travailler plus », etc.
Pourtant, deux points peuvent dors et déjà nous permettre, comme Nietzsche, de douter de la sincérité de l'apologie du travail. Premièrement, Nietzsche nous indique que les apologistes se livrent à une « glorification » du travail, à une « bénédiction » du travail, à des « louanges ». On constate que ces termes appartiennent au vocabulaire religion. Or, dans la religion, le travail n'est absolument pas vu comme une bénédiction, comme quelque chose de positif, bien au contraire : c'est une malédiction, une punition infligée par Dieu à Eve et Adam pour avoir mangé le fruit défendu. Il y a donc ici une contradiction dans les termes, un paradoxe qui semble suspect. Deuxièmement, si on examine l'étymologie du mot « travail », on se rend compte qu'il vient du latin « tripalium », un nom qui désignait un instrument de torture : une fois de plus, il paraît étrange, voire suspect, de faire l'apologie d'une activité liée aussi intimement à une idée de douleur.
Dès lors, il convient de se demander qui peuvent être ces apologistes du travail. Nietzsche, dans le texte, ne l'indique pas avec précision,