Les chevaliers
Comme les pylônes, elles sont un entrelacs de poutrelles et d'acier. Comme les pylônes, elles dressent vers le ciel leurs charpentes ajourées. Mais elles ont en plus une flèche, une poulie, un câble, un crochet, une élingue, qui leur donnent une silhouette de sentinelle au bras toujours tendu. De loin, quand ce long bec s'agite au-dessus des toits, on pourrait les prendre aussi pour des oiseaux d'acier, des grues décharnées s'acharnant à nourrir d'invisibles petits. Mais, s'approchant, on constate que leurs mouve^ ments, leurs rotations et leurs arrêts obéissent aux ordres d'un homme enfermé tout en haut dans une cabine en verre. Et on remarque aussi que leur base est occupée par de gros blocs de pierre entassés là pour accroître leur stabilité.
Comme pour les empêcher de s'envoler.
Parfois, quand il y a de grands chantiers, c'est toute une forêt de g^qu'on voit se dresser et vibrer côte à côte, troncs qui de loin semblent si frêles avec, pour affronter les vents, leur léger tricot de poutrelles ! Troncs qui de loin semblent fragiles malgré leurs mailles métalliques, leur armature fuselée d'hermine et d'azur.
Quand je vous vois ainsi, J^*, j'aime suivre tous vos mouvements, le lent tournoiement de vos flèches, le glissement précis des câbles, vos rotations au ralenti qui font penser à un ballet. Un ballet de danseurs