Les desordres du travail
Chaque jour en France, 2 000 personnes sont victimes d'un accident du travail nécessitant une interruption d'activité. Le coût global cumulé des accidents et des maladies professionnels s'élève à 3 % de la richesse nationale, soit l'équivalent théorique de plus de dix jours fériés supplémentaires; Contrairement à une idée reçue, cette dégradation des conditions de travail ne s'explique que partiellement par une pression psychologique accrue (les pathologies physiques progressent en réalité plus vite que les pathologies psychiques). Elle est bien davantage le fruit du nouveau productivisme qui a présidé, depuis une vingtaine d'années, à la réorganisation des entreprises et à la désorganisation du travail. Philippe Askenazy démontre que, loin d'être une « fatalité économique », cette situation constitue plutôt une aberration économique. Les moyens de la résoudre sans « grand soir » ni perte de performance ne sont pas hors de portée. Mais, en Europe et singulièrement en France, c'est l'inertie qui domine.
C'est devenu une banalité de l'affirmer, la problématique de l'emploi à contribué depuis quelques années à occulter celle du travail et des conditions dans lesquelles il se déroule. Or les indicateurs dans ce domaine sont alarmants. Comme le montrait encore récemment une publication de la DARES consacrée aux Résultats de l'enquête SUMER, menée par des médecins du travail (Voir : Premières Informations, Premières Synthèses , n°52-1, déc. 2004 ) , les conditions de travail se sont dans l'ensemble dégradées depuis 1994 : l'accroissement des contraintes organisationnelles va de pair avec l'augmentation des pénibilités physiques. Cette situation est peu ou mal perçue et les enseignants de SES ont peut-être eu, comme moi, l'occasion de se heurter dans ce domaine au scepticisme des élèves, pour lesquels cela ne peut traduire que le fait que « les gens râlent davantage qu'avant ». Une telle réaction n'est