Les dissertations de marcien towa
Il y a une certaine parenté entre la théologie et la philosophie en tant qu'herméneutique et, globalement, aucune n'a une préséance épistémologique sur l'autre: toutes les deux cherchent la même vérité, même si la philosophie exprime la foi en termes de rationalité (2). Comme la philosophie, la théologie est de la mouvance des langages spéculatifs. Mais elle ne doit pas être conçue en termes d'application de la philosophie à la religion. Le rôle relatif de la philosophie est, pour paraphraser O. Bimwenyi-Kweshi, celui d'un instrument pour l'approfondissement de la foi et de son épanouissement en gnose véritable sans que cela n'implique pour autant qu'elle soit une condition sine qua non de la foi, puisque, même sans avoir fait de hautes études et même sans savoir lire ni écrire, on peut accéder à la foi : le prophète Mohamed, lui-même illettré, en est un exemple archétypique (3). L'exploit de la religion est de concerner aussi bien les doctes que les gens simples. On peut bien entendu accéder à la philosophie et même à la science sans avoir fait des études au sens classique du terme. M. Malherbe distingue la religion (conception du monde reliée à l'idée de Dieu) de la philosophie (conception du monde tout court) (4). Même si elle suppose des présuppositions et des substructures philosophiques, la religion se distingue par son essence à la fois sociologique et transcendante. Elle se caractérise aussi par la nature à la fois méta-empirique et méta-rationnelle de la foi et aussi, en raison de sa propre historicité et de ses propres règles de protocolarité.
En parlant du nigritisme (5) et de sa théologie, il paraît intéressant de jeter un ťil sur ce qu'on appelle la philosophie négro-africaine. Pour ce faire, nous avons lu l'ouvrage de M. Diagne titré De la philosophie et des philosophes en Afrique noire et celui de G. Biyogo intitulé Histoire de la philosophie africaine (6). Nous avons en outre relu le