Les démocraties populaires
Lorsque s’achève la guerre, les victoires de l’Armée rouge ont constitué un glacis dans lequel l’autorité de l’URSS s’exerce sans contre-pouvoirs effectifs : il correspond à la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la
Tchécoslovaquie. Il faut y ajouter la zone d’occupation en Allemagne, qui deviendra la RDA, et deux pays où la résistance communiste a pris le pouvoir après avoir joué un rôle majeur dans la lutte contre l’Axe : l’Albanie et la
Yougoslavie, qui adhère au magistère soviétique jusqu’en 1948.
Ces entités sont diverses en ce qui concerne leur organisation socio-économique, leur paysage religieux, le rapport historique qu’elles entretiennent avec la Russie/URSS, l’espoir mis dans le communisme et leur expérience du pluralisme politique.
Nonobstant ces contrastes, un système aussi uniforme que possible s’y impose en quelques années, conjuguant élimination de fait du pluralisme au profit des communistes et soumission à Moscou (acquise dans les pays du glacis entre 1945 et 1948), terrorisme visant à déstructurer les identités nationales, évolution vers le socialisme d’État. Le qualificatif de démocraties populaires est utilisé (1947) pour désigner ce nouveau type de régime, appelé au dépassement de la démocratie « bourgeoise» et à l’édification du socialisme.
La mort de Staline et le cours nouveau introduit par ses successeurs permettent de mesurer le rejet de ce modèle imposé de l’extérieur, rejet déjà manifesté par la résistance yougoslave à la soviétisation. Un équilibre se cherche. Si toute remise en cause jugée dangereuse est passible d’une répression qui s’abat sur les dirigeants et la société (l’Octobre hongrois), les partis communistes nationaux acquièrent une marge réelle. En témoignent la gestion ouverte de la crise polonaise de 1956, le positionnement diplomatique roumain et plus généralement le réformisme à l’œuvre à partir des années
1950, lui-même indissociable des mutations