Les farces merveilleuses
Alfonso Zurro
traduit de l’espagnol par Dorothée Suarez
Les Farces Merveilleuses. Un théâtre de formes anciennes. De quintessence. Un théâtre de villages, de places, de chemins… Fables et mondes qui prennent vie sur de petits espaces, comme ceux de charrettes ou d’estrades que transportaient les baladins du temps jadis. La mise en scène utilise des recours théâtraux simples, sans scénographie, faisant appel à l’imagination. Le vrai protagoniste est le comédien. Avec ou sans masque, au choix du metteur en scène. Ce sont, enfin, des saynètes qui rendront joyeux l’acteur dont le jeu favorisera la rencontre du personnage et du spectateur. (A. Zurro).
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GRANDE FARCE DE L’ENFANT ARAIGNEE…
…racontant les aventures et mésaventures d'une enfant-araignée ; avec son père, avec un impresario sans âme et avec divers autres personnages que le spectateur curieux saura apprécier.
(L'enfant-araignée. Un petit visage doux avec des yeux coquins, pour l'enfant. Un corps noir et velu, pour l'araignée. Ses huit petites pattes sont extrêmement fines et, quand elles bougent, elles le font comme dans une étrange danse de branches séchées). (Le père, dès qu'elle fut au monde, devint un fidèle dévot du picrate bagarreur, cherchant à noyer son malheur dans le miracle quotidien de la biture). PERE : Avoir des enfants comme ça ! Avoir des enfants comme toi ! ENFANT ARAIGNEE : Je n'ai pas demandé à naître. PERE : Tais-toi, insolente. Et ta mère, hein ? Elle te met au monde et elle se barre, ni vu ni connu. Tiens, une fille-araignée et adieu. ENFANT ARAIGNEE : Elle est morte. PERE : Elle s'est barrée, ni vu ni connu. Mourir, c'est ce qu’il y a de plus facile. Ce qui fait chier, c'est être ici, à supporter ta vue, jour après jour, à chasser des mouches et des crapauds pour que tu manges, à bien te régaler de vin et à te laver cette carapace dure et répugnante. ENFANT ARAIGNEE : C'est ton devoir. PERE : Répondeuse avec ça, la gamine, tu vas te taire à la