Les fonctions du poète
On a longtemps pensé que le propre et la grandeur du poète était de se détourner de l'utilité immédiate et de refuser l'engagement social. C'est ainsi que les Parnassiens, théoriciens de l'art pour l'art, ont affirmé que l'œuvre d'art doit se suffire à elle-même. Le poète, technicien de la beauté vise la perfection d'une forme difficile, vaincue par son travail d'artisan des mots et du langage (on peut parler de religion de l'art). Mais c'est sans doute oublier que l'art est aussi un phénomène social !
- Poète messager divin : selon la tradition, le poète est l'héritier d'Orphée (médiateur du sacré et voyant privilégie). Prêtre d'Apollon, inspiré par les Muses, au chant de sa lyre il sait ravir les esprits, les apaiser. Grâce à son pouvoir de divination il peut déchiffrer l'invisible et accéder à l'univers des idées. On retrouve des traces de cette conception chez les Poètes de La Pléiade et chez les Romantiques, à ceci près que ces derniers font de ce poète mage un guide pour les peuples. On la retrouve également chez Baudelaire et chez Rimbaud, mais ce dernier associe également le poète à Prométhée, celui est puni pour avoir tenté de rivaliser avec les dieux et de leur « voler le feu ». Ce statut particulier et privilégié a parfois conduit le poète à se sentir en marge, exclu de la société, incompris, maudit (c'est à Verlaine qu'on doit l'expression poète maudit). Chez des poètes comme Rimbaud, Verlaine, Laforgue ou Mallarmé, l'écriture poétique témoigne en outre de leurs refus, déceptions et révoltes personnelles.
- Le poète engagé : l'engagement est ce qui différencie la position d'Hugo de celle de La Pléiade. Le mage, pour lui, doit être un guide (mais Ronsard a su faire preuve d'engagement dans ses