Les jeunes face à la mode
Stellinger, avec la collaboration de Raphaël Wintrebert
Préface par François
de Singly
2008 – ISBN 978-2-9529612-7-1
La comparaison internationale proposée par la Fondation pour l’innovation politique permet de jouer au jeu des ressemblances et des différences entre les jeunesses de dix-sept nations. Pour ne pas se contenter de décrire seulement ce qui sépare ou rassemble les unes et les autres, il faut disposer d’un modèle de référence qui permette de déterminer si mait que « la jeunesse n’est qu’un mot », étant donné que les différences sociales étaient trop importantes pour conserver l’idée de l’existence d’un tel groupe d’âge (Bourdieu, 1984). Pour ce sociologue, le modèle de référence est celui de la domination sociale et des inégalités sociales et culturelles. Ici, nous adopterons un autre cadre d’interprétation. Nous chercherons à savoir comment les jeunes se conforment à l’injonction sociale de devenir soi-même. En effet, le processus central des sociétés modernes est, selon Ulrich lui-même, à ne plus dépendre avant tout de ses appartenances héritées. Ce programme découle de la philosophie des Lumières valorisant l’homme indépendant et autonome (Kant, 1784). Cela présuppose que chacun se donne ses propres règles, refusant de se plier à des ordres venus d’autorités supérieures. Progressivement, ce programme a été appliqué dans les sociétés occidentales. Un des indicateurs de sa diffusion est la transformation de l’éducation et du rapport entre les générations. Le père, symbole de l’autorité légitime, va perdre de son pouvoir. Une enquête américaine démontre le déclin de la valeur « obéissance » et la montée des valeurs de l’indépendance et de l’autonomie tout le long du XXe siècle (Alwin, 1988). Les parents insistent de moins en moins pour que leurs enfants se conforment à des principes extérieurs ; ils cherchent de plus en plus à respecter la nature originale de chacun de leurs enfants. Ils suivent les prescriptions