L'apologue des Troglodytes dans Les Lettres Persanes

Introduction : Au XVIIIe siècle, entre la fin du règne de Louis XIV et la Révolution française, s’épanouit un nouveau courant de pensée européen : Les Lumières.
Alors que ces philosophes mettent en avant leur curiosité, la foi en l'homme, la réflexion sur l'éducation, l'esprit critique, la tolérance mais aussi la quête d'un autre ordre économique et l'envie de plus de liberté, l'un d'entre eux, Montesquieu, écrit « Les lettres persanes ». Ce fondateur de la sociologie et inspirateur des démocraties a d'abord publié ces lettres de manière anonyme avant de réadapter le texte car il avait beaucoup de mal à les assumer.
Au fil de ces lettres, nous suivons le voyage d'Usbek et Rica, deux persans partis d'Orient au gré d'un calendrier musulman imaginaire. Ces lettres témoignent en partie de leur étonnement, de leur amusement et de leur réflexion devant la société française pendant la Régence ou des problèmes privés auxquels Usbek doit faire face.
En quoi ces quatre lettres constituent-elles un apologue ? Pour répondre à cette problématique, nous allons commencer par montrer qu'il s'agit d'un récit inséré dans un autre récit avant d' observer que ces lettres sont des critiques envers la société au temps des Lumières.

I- Un récit inséré dans un autre récit

A- Un récit fictif dans un autre récit fictif

Il s'agit à la fois d'un récit épistolaire et d'un récit enchâssé. On peut parler d'un récit épistolaire car les Lettres Persanes rassemblent bien un échange de courriers entre plusieurs personnages (pour les lettres XI, XII, XIII et XIV entre Usbek et Mirza). Dans ses lettres, Usbek, le personnage du récit de Montesquieu, raconte l'histoire des Troglodytes. C'est donc un récit enchâssé.
L'utilisation d'un calendrier arabe qui renvoie aux contes des Mille et une nuits et à son univers merveilleux, ainsi que le côté trop mécanique (les faits se succèdent rapidement les uns aux autres, les