Une géographie et une temporalité imaginaires ?

I. Les cercles du temps.

Dès le départ, on l’a vu l’action est double : la Télémachie + le retour d’Ulysse. Cette dualité s’exprime par la dualité de la scène de l’assemblée des Dieux. Dualité d’une scène qui peut avoir lieu dans le même temps (Athéna part pour rencontrer Télémaque, Hermès pour aller sur l’île de Calypso), dans un temps hors du temps, celui des Dieux, de l’immortalité, de l’éternité, cad du non-temps.
Temps réel et temps mythiques se percutent, comme se percutent le présent, le passé et le futur d’Ulysse. Car Ulysse s’inscrit dans différentes temporalités : celle déjà mythique de la guerre de Troie, celle de son errance mystérieuse elle aussi, celle de son retour qui est celle du récit.
Ulysse vit ainsi dans un présent qui est en prise permanente avec le passé et l’avenir et qui le confronte à l’altérité inhérente à la condition humaine et, sans doute, à une perception d’un temps cyclique.

1. Le temps du retour à Ithaque : le cycle du retour.
Le temps de l’Odyssée, c’est d’abord, le temps d’un retour (c le titre d’un film d’Alain RESNAIS dans lequel se percutent présent, passé et avenir). La durée de l’action du départ de Télémaque à la fin du récit se déroule en 40 ou 41 jours.
Dans cette durée d’un mois lunaire et demi (faut-il y voir une indication particulière ? nautique ? astronomique ?), Homère fait tenir toute l’histoire d’Ulysse depuis le départ pour Troie, soit 20 ans : 10 ans de guerre et dix ans d’errance.

Si on s’intéresse aux chants au programme, on peut même compter les jours : - 5 jours après l’arrivée d’Hermès, Ulysse quitte l’île de Calypso. (v 263, chant V) - Il navigue dix sept jours en mer (v. 278).
- Le dix-huitième il aperçoit la Phéacie (v. 279 et 280).
- Poséidon déclenche alors une tempête qui dure deux jours et deux nuits (v.388).
- Le troisième jour il aborde en Phéacie (v. 390), et s’endort dans un bosquet.
- Le lendemain matin,