Les mystères de la réception
Chercheur au Laboratoire Communication et politique du CNRS, Daniel DAYAN, cherche à souligner, à travers son texte « Les Mystères de la réception » extrait de la revue Le Débat de 1992, le rôle actif joué par le récepteur dans le décryptage et l’interprétation du message, au point de réduire cette réception (issu du latin « receptio », action de recevoir) en une multiplicité de lectures possibles qui créent autant de profils différents au détriment d’une vision d’ensemble du public.
A la suite des travaux engagés sur le texte et sur le rapport « texte-lecteur », les années 80 voient naître un intérêt grandissant concernant la réception. La posture consiste désormais à ne plus séparer artificiellement le texte et le lecteur mais au contraire de les considérer dans leur mise en présence. C’est dans ce contexte que l’étude faite par Dayan voit le jour.
En effet, dans son texte, il a exposé les limites des modèles théoriques et méthodologiques élaborés jusqu’alors pour l’étude des publics de la télévision. Il dénonce les « missionnaires » qui parlent du public et les « ventriloques » qui parlent « au nom du » public. L’approche sémiologique de la réception est rejetée, au profit d’une ethnographie des comportements spectatoriels : « [Les études de réception ne doivent pas se contenter] de parler "du" public ou "au nom du" public. [Elles doivent se soucier] de "donner la parole" au public ».
Problématique : Dayan pose donc le problème de l’existence de l’homogénéité du public ou au contraire un élément utopique construit par l’institution télévisuelle, les chercheurs, les ethnologues et les pédagogues.
I/ ETHNOLOGUES, MISSIONNAIRES, VENTRILOQUES
Dayan définit dans cette partie du texte les trois termes suivant :
• Ethnologue : La recherche sur la réception constitue la base de l’ethnologie. Selon Dayan, il existe deux types d’ethnologies, une dite « lointaine » et une « rapprochée » qui idéalise l’objet et produit une vision naïve du