Les plaintes de toussaint louverture
Languissait un vieux noir qu'admirait l'univers
Trahi par les Français, jaloux de sa vaillance
Le noir fut dans ce fort jeté les pieds au fer.
Méprisant d'un consul l'atroce barbarie
Il répétait toujours:" Je meurs pour mon pays!".
Mais une nuit, pensant au ciel de la patrie,
A sa femme, à ses fils, à ses champs de maïs
Le guerrier s'écria dans un accent sincère:
"O mon pays! Mon coeur à tes doux souvenirs,
Ne peut gémir encore sur la terre étrangère
La voûte du cachot entend trop mes soupirs.
Le général français qui fait la guerre au monde,
De son prisonnier noir connait-il les tourments?
Hélas! Il m'a jeté dans cette fosse immonde!
Bonaparte, rends-moi ma femme et mes enfants!
Le tyran! Qu'a-t-il fait? Un jour, je lui fis dire
Mais où donc est ma femme? où donc sont mes deux fils?
Savez-vous, Africains, ce qu'il osa m'écrire?
- De vous en séparer, Toussaint, c'est mon avis -
Bonaparte, ton coeur n'est pas le coeur d'un père.
Puisque Dieu t'a fait roi des faibles et des puissants,
Pourquoi, ne veux-tu pas que l'Africain prospère?
Bonaparte, rends-moi ma femme et mes enfants!
Descends, Napoléon, descends de ta puissance!
A travers le guichet du cachot du vieux noir
Viens écouter sa voix où parle l'innocence,
La voix qui fait pleurer le coeur quand vient le soir.
Viens voir sur le grabat tout humide de larmes
Un martyr qui se plaint de tes bras triomphants,
Un guerrier africain dont tu craignais les armes
Bonaparte, rends-moi ma femme et mes enfants!
"O mornes! O rochers! O ciel bleu des Antilles!
Pleurez de votre ciel le destin malheureux,
Dans les fers inhumains, supplice des bastilles,
Regardez-le poussant des soupirs douloureux,
Couvert d'impurs lambeaux, se tordant sous les dalles
De son cachot humide!... O grand parmi les grands.
De ton prisonnier noir, viens entendre les râles,
Et viens lui rendre enfin sa femme et ses enfants!
"Te souviens-tu du soir, ô