Les représentations sociales du diable
Colloque CEAQ
24 et 25 juin 2002
Introduction
Après avoir réalisé une première recherche sur le mal, nous sommes partie de l’hypothèse que le diable en tant que représentation archétypique ancrée dans l’imaginaire social pouvait sans doute dire quelque chose de la société. C’est pourquoi nous avons eu envie de délaisser l’exploration philosophique et morale au profit d’une recherche sociologique pour apprécier les manifestations du diable au sein de la société contemporaine.
L’origine de cette recherche repose sur différents constats de violence observés autant dans le champ social que psychanalytique ont conduit à nous poser deux hypothèses principales d’interprétation du phénomène. Cette violence est-elle une nouvelle manifestation du mal ? Et ce dernier ne prendrait-il pas, une fois encore, la forme du diable ? Et, si c’est bien le cas, que signifierait alors cette occurrence sociale ? S’agirait-il d’une résurgence ? Quel sens social y aurait-il à porter sur cette représentation du diable remise au goût du jour ?
Deux épiphénomènes
Les évènements du 11 septembre 2001 tout comme les réactions suivant les élections du 21 avril 2002 nous semblent illustrer la cristallisation de divers éléments latents, présents et diffus de ce que l’on appelle le retour du refoulé et qui se seraient manifestés, notamment, par l’explosion des deux tours du World Trade Center ou la mobilisation massive contre Le Pen. Différents éléments peuvent être mis en perspective et, envisagés ensemble, faire sens et illustrer une résurgence de certains phénomènes sociaux que la sociologie compréhensive qualifie de postmodernes.
Une première exploration que nous qualifierons de pré-enquête ayant pour objectif de recueillir un échantillon de cet air du temps, nous a permis, à partir d’une quarantaine d’entretiens menés à la suite des évènements du 11 septembre de relever quelques traits