Les rôle d'internet dans le printemps arabe
Les révolutions arabes et le web 2.0
Tunisie et Égypte
Johanne Kübler*
Avant même l'avènement des récentes révoltes arabes, le potentiel d'Internet pour ren verser les régimes autoritaires a été un argument très populaire évoqué dans le sillage des efforts révolutionnaires en Iran, en Moldavie et en Géorgie. Une véritable onde de choc traverse la zone depuis le début des manifestations en Tunisie, et pour l'instant, Ben Ali, et Hosni Moubarak ont été entraîné dans ce tourbillon de révoltes populaires, tandis que de nombreux autres régimes sont remis en question. Or, il ne s'agit pas de savoir si la révolu tion a été causée par Facebook. La technologie ne saurait être la cause d'une révolution, ce sont toujours les acteurs qui s’en servent qui en sont les auteurs. D'autant plus que Face book est une compagnie privée qui poursuit ses propres objectifs. Si les griefs tels que le chômage endémique et la corruption omniprésente dans les sociétés arabes sont les causes profondes des révoltes, ils ont toutefois été observés et étudiés bien avant les révo lutions, notamment dans les travaux d’Olivier Roy (par exemple dans son oeuvre princi pale L'Échec de l'Islam politique 1). Par conséquent, ils ne suffisent pas à expliquer la tem poralité des révolutions : pourquoi se sontelles produites en 2011 et non plus tôt ? À l’heure actuelle, nous sommes encore sous l’impression d’une succession rapide des événements dans de nombreux pays. Comme l’indique Yves GonzalezQuijano, auteur de Les Arabes parlent aux Arabes, dans son blog, nous sommes les témoins d’un processus de transformation qui n’a fait que commencer, et il s’avère difficile d’en proposer une lec ture définitive 2. Il s’agit d’éviter de céder au lieu commun qui considère Internet comme agent de changement, mais si l'usage d'outils tels que Facebook n'a certainement pas cau sé les révolutions, il a façonné la manière dont elles se sont déroulées. Prenant en